Politique

Partis Politiques en Haïti : À Quand la Maturation ?

©️ A509 | La multiplication stellaire de formations politiques dans cette Haïti d’après 1986 est l »une des causes, secondaires soit, de nos malheurs. La politique fut une rente depuis une bonne centaine d’années sinon plus ; d’où la surenchère dont le populisme caricatural devient la donne la plus marquante de la scène politique haïtienne. On peut donc bien comprendre la raison de cette faiblesse éclatante des partis politiques.

L’oligarchie séculaire locale, en service et au service, y tire son profit et attise la mise sur scène d’hommes politiques bidons et la prolifération de partis ou hommes-partis encore plus malséants, sans culture, sans écriture, sans lecture et sans triture à l’image de cette oligarchie si arriérée, sans projet national propre. Nous constatons avec tristesse l’incontestable déclin de la qualité de nos hommes politiques du devant de la scène. Ahurissant n’est-ce pas ? Il suffit de les écouter à la radio pour s’en rendre compte. Ce sont des véritables jako repèt pondant des charabias incompréhensibles, qu’importe la langue utilisée, vivante ou morte. Et les médiocres de ma génération se frottant les mains, s’accoquinent, sans état d’âme, avec des plus médiocres encore, issus des quatre générations précédentes pour garder le pouvoir et s’y consolider, menm si yo pap regle absoliman ANYEN.

En 2014 j’ai failli me faire « fliter » les affaires par un jeune de quarante-deux ans. Il était un opérateur politique très actif portant diverses casquettes et n’ayant pour toute arme que ses propos véhéments et belliqueux et ses gestes douteux. Il défendait corps et âme la probité et la sincérité d’un verbeux volubile, acteur de premier plan de la scène publique actuelle. Cet avocat du peuple, grand profiteur économique et politique de l’actuel pouvoir aurait, semble-t’il, gagné ses galons dans les âpres luttes menées contre Michel Martelly et Jovenel Moise.

On a observé que dans l’intervalle de la tenure des deux présidents cités, notre politique s’était éclipsé de l’avant de la scène de février 2016 à janvier 2017 afin de faire le re-plein de ses forces. Dès les premiers jours de cette année de 2017, notre politique a repris du service ; le re-plein fut bien plein. Il arrive dans certains cas, quoique rares, qu’il est difficile de faire la différence entre un homme politique d’aujourd’hui et un gangster. Ils se complètent même parfois. La conséquence découlant de cette réalité est simple et irrémédiable : Le rejet de la politique par bien de citoyens et leur mépris vis à vis des gens en politique. Clairement ce sentiment des citoyens favorise la mainmise des puissances tutrices qui y trouvent une excellente occasion d’élargir le boulevard de la cooptation qui s’étend ainsi de deux voies à quatre voies.

Paradoxalement ce processus de désintégration inquiète aussi ces messieurs, les tuteurs de notre pays. N’étant plus au 19 siècle il ne leur est pas possible d’assumer pleinement la logique désastreuse de leur propre politique, c’est à dire occuper et prendre en charge le pays comme ils l’ont fait en 1915. La forme que prend aujourd’hui la doctrine de Monroe ne le leur permet pas non plus. Une telle aventure serait politiquement coûteuse et causerait trop de dommages à court terme à hegemon. Des dommages qui impacteraient l’image de ce dernier bien au-delà de notre Amérique. En outre les barrières sont multiples et prennent des formes variées. Citons par exemple le fait de l’existence d’une diaspora haïtienne dans notre Amérique et d’autres partie du globe. Il est vraiment inutile d’épiloguer longtemps là-dessus.

Est-il possible de réaliser cette occupation par puissance ou par État interposé ? Tout aussi, et encore bien plus impossible. Aujourd’hui la malade (Haïti) inquiète. Mais les principaux concernés, c’est-à-dire les membres de la population, s’inquiètent-ils aussi ou autant ? Je pense que oui. La fuite vers d’autres cieux est selon moi une expression de cette inquiétude accompagnée d’un refus de s’y mêler ou de s’engager. Au moins, elle illustre amplement que tout un chacun est conscient que l’avenir dans ce pays est définitivement un catch twenty-two (catch 22). Donc l’inquiétude est présente et domine les esprits de tous les citoyens haïtiens. Que faire alors ?

Je ne le sais pas. Je ne le sais vraiment pas. Cependant, je dois avouer que la commémoration des trente-deux années d’existence de OPL a inspiré ce modeste texte à prétention de réflexion.

Je profite de la circonstance pour formuler mes vœux de longévité à l’OPL. Je souhaite qu’elle trouve le soutien populaire nécessaire et des forces fondamentales pour continuer à mener le bon et le vrai combat devant aboutir à la transformation de notre pays et à la positive transformation des conditions d »existence de notre peuple.

L’OPL est née d’une étoile à cinq branches, elle voulait se donner un rôle d’étoile dans le firmament socio politique et économique de notre pays. Elle a partiellement réussi de mon point de vue. Ses dirigeants furent tous des hommes lucides, pragmatiques et pondérés et BOUGREMENT INTÈGRES. Le pays doit une sacrée chandelle à cette formation politique.

Par ailleurs, si on avait bien pris la mesure des différentes mises en garde, ou alertes de Sauveur Pierre Etienne, le précédent Coordonnateur National du parti, face à la détérioration du pays, au début de la décennie précédente, je vous assure à 100% que le pays n’en serait pas là. Cependant le pragmatique, le praticien politique qu’est Sauveur Pierre Etienne eut à mener l’OLP à poser une action politique que je qualifie d’irréfléchie du point de vue tactique, en novembre 2015. Je fais référence ici à la participation de l’OPL au groupe de partis contestant les résultats des élections présidentielles de 2015 (G7….G8).

Les partis politiques responsables se doivent de conclure un accord avec les dirigeants actuels du pays, que cela déplaise ou pas au « peuple » ou encore à leur « électorat ». Ils se doivent de préparer le cadre de la mise en chantier de la construction d’une autre république avant d’aller aux élections ; ils doivent faire preuve de responsabilité, ce qui implique des décisions audacieuses, risquées et parfois impopulaires. L’implication des institutions ou organisations idoines de la république est la garantie absolue du succès de cette prise en charge de notre pays par cette même classe politique si peu appréciée. A-t-on un autre choix ? Le renversement de l’actuel dirigeant de fait est et reste une option en revanche, irréalisable sans la volonté, et la participation d’hegemon (USA).

Mon appui ferme est acquis à l’initiative prise par l’actuel pouvoir de solliciter des Nations Unies, via le ministre des Affaires Etrangères, Jean Victor Généus, en octobre 2022, le déploiement d’une force militaire multinationale des Nations Unies au pays. Cette requête fut diluée récemment au début du printemps dernier cause du non-soutien de la majorité de la classe politique, de sa vigoureuse dénonciation de la démarche du gouvernement provisoire ainsi que sa répudiation de la mise en exécution d’un tel projet. Également, un bon nombre de citoyens bien que minoritaires tant au pays que dans la diaspora se sont prononcés contre cette démarche du pouvoir. En toute état de cause politiquement, leurs voix doivent absolument être entendues. Ce qu’il faut souligner, c’est que cette absence de soutien a permis à hegemon de manœuvrer à sa guise, LIB e LIBÈ. Il est bon de rappeler ici que la quasi-totalité de notre classe politique fait très bon commerce avec hegemon. La bien-pensance en particulier. NOU PA EGARE.

Haïti, membre des Nations Unies, est en qualité et en droit de produire une telle requête. Les difficultés que vivent notre pays sont d’une acuité dégradante jamais connue ou vécue par notre peuple. Cette sollicitation est conforme à la Charte de l’Organisation Internationale. Que les tapageurs cessent de nous casser les oreilles avec cette affaire d’occupation étrangère ! Le brandissement de ce faux drapeau est tout simplement ridicule.

Même la requête de l’ex-président Aristide en 1994 auprès du Conseil de Sécurité des Nations-Unies n’était pas un appel à l’occupation ; celle-ci l’est encore moins. Que l’on cesse d’infantiliser les gens ! On peut, bien sûr, ne pas être d’accord avec démarche gouvernementale, mais de grâce que l’on avance un argumentaire basé sur des points au regard du Droit International et/ou des points d’essence et de nature politique, solides et contextualisés (post 1986) pour supporter ce désaccord (les échecs des précédentes missions des Nations-Unies n’en sont pas un).

Je veux bien croire que ces manifestations de désaccord sont une profession de foi nationaliste, mais qu’on se regarde dans un miroir et que l’on ne mente pas aux jeunes afin de les entrainer dans le « populisme utilitaire » et les manipuler ultérieurement à VOLONTÉ et à bon marché.

Un bon ami politique, dirigeant d’un des partis politiques les plus en vue, ne cesse de me répéter durant les dix derniers mois que le logiciel politique de nos partis mérite d’être actualisé car obsolète. Le logiciel des actions des masses populaires mérite le même traitement, comme le démontre le Bwa Kale. 2023 n’est pas 1986.

Rony Mondestin

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